Dans sa dernière déclaration, le Groupe des 7 (G7) des organisations de la société civile lançait un appel de jeûne et de prière au peuple togolais dans ce mois de juillet afin que Dieu, le Créateur aide les acteurs politiques à trouver une solution à la crise politique que traverse le Togo depuis le 19 août 2017. Membre du G7, Bruno Haden, Secrétaire général de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-TOGO) nous revient dans cet entretien sur le bien-fondé de cet appel des OSC. Lisez plutôt !
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Gapola : Pourquoi le Groupe des 7 (G7) ?
Bruno Haden : Tout d’abord permettez-moi de me présenter, je m’appelle Bruno HADEN, Secrétaire Général de l’ACAT TOGO. Je suis Ambassadeur de la campagne des 20 ans de la Déclaration des Nations Unies sur les Défenseurs des Droits de l’homme. Je suis également membre du G7 et c’est à ce titre que je vais répondre à vos questions.
Pourquoi le Groupe des 7 (G7) ?
Le Groupe de sept organisations de la société civile à savoir le Réseau Ouest Africain pour l’Édification de la Paix (WANEP-TOGO), la Concertation Nationale de la Société Civile (CNSC-TOGO), l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-TOGO), le Collectif des Associations de lutte contre l’impunité (CACIT), le Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO–TOGO), la Commission Épiscopale Justice et Paix (CEJP-TOGO), Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD) se sont constitués pour créer le Groupe dénommé G7. L’objectif dudit groupe est de faire le monitoring et de contribuer à la réussite du dialogue.
On vous a vu vous prononcez sur la crise politique depuis son début à travers notamment les communiqués de presse. Dans votre dernier communiqué vous demandez aux religieux nationaux de prier pour le Togo. Pensez-vous que la prière est ce dont le pays a besoin pour sortir d’une crise politique cyclique ?
S’inscrivant dans le cadre du monitoring et de la réussite du dialogue, le G7 a eu à faire des déclarations, des lettres ouvertes, des communiqués, des alertes, une conférence de presse, des rencontres d’échanges avec les parties prenantes au dialogue et le facilitateur en la personne du Président Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO du Ghana.
Le questionnement sur l’appel du G7 du peuple togolais au jeûne et prière pour tout le mois de juillet 2018 dans la perspective de sortie de crise m’amène à rappeler la première phrase du préambule de la constitution togolaise qui dispose : « Nous, Peuple Togolais, nous plaçant sous la protection de Dieu », ce qui atteste l’attachement du Togo à Dieu. Aussi abordant dans ce sens le communiqué DE PRESSE DE LA 118ème SESSION ORDINAIRE DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DU TOGO (CET) n’a pas manqué d’inviter de nouveau tous les fidèles chrétiens et tous nos frères croyants en Dieu, à intensifier nos prières pour que le dialogue entre Togolais soit un dialogue fécond et éminemment patriotique.
Pour nous au G7, la prière n’exclut pas évidemment l’action mais elle est intégrée à l’action. Chaque togolais, chaque togolaise a une dimension éthique et spirituelle de la vie. Que peut apporter la prière dans la situation de crise sociopolitique de notre pays le Togo ? Ma réponse est celle-ci : le togolais ou la togolaise est construit à trois étages : au premier, le physique, au deuxième, le sensible, au troisième le spirituel. Le spirituel est en haut, c’est le plus beau. Dieu est à l’écoute de nos besoins, il entend notre appel, son Esprit se met à notre service. La prière est l’expression de notre pensée. Le Togo a besoin de la prière pour se brancher constamment sur la dynamique spirituelle de Dieu.
Est-ce à dire qu’avec cette exhortation le G7 va dans les jours à venir demander des messes ou des cultes en honneur du Togo ?
L’exhortation est un appel au peuple togolais au jeûne et prière pour tout le mois de juillet 2018 dans la perspective de sortie de la présente crise. Pour ce faire, le G7 a demandé une messe le dimanche, 15 juillet 2018 à la paroisse Sainte Rita de Wuiti à 06h, une prière musulmane le vendredi, 20 juillet 2018 à la mosquée d’Avédji à 13h, une prière à la religion traditionnelle le jeudi, 26 juillet sur toute l’étendue du territoire et un culte protestant le dimanche, 29 juillet 2018 sur la paroisse de l’Église Presbytérienne du Togo, Tokoin-Ouest sise dans l’enceinte du collège Protestant de Lomé-Tokoin.
Y-a-t-il un rapprochement de votre demande de prière avec la cérémonie de purification que le HCRRUN a faite tout récemment ?
Il n’y pas de rapprochement entre notre demande de prière avec la cérémonie de purification que le HCCRUN a faite tout récemment. Cette demande du HCCRUN se situait dans la mise en œuvre de la recommandation 47 de la CVJR pour solder un passé. La prière du G7 est tournée vers l’avenir souhaitant une solution à la crise, celle de tout un peuple et non d’un camp sur l’autre.
Hormis l’appel à la prière, quel autre message phare véhicule votre déclaration du 04 juillet ?
Hormis l’appel à la prière, Le G7 appelle à cet effet les Chefs d’États de la CEDEAO à mesurer l’ampleur de la situation qui prévaut dans le pays, afin de formuler des recommandations qui permettront la réalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles, puis l’organisation d’élections transparentes, crédibles et acceptées par tous. La stabilité de la sous-région dépend inéluctablement de celle du Togo. Le G7 exhorte les parties prenantes au dialogue à poursuivre les concertations par tous les moyens afin de parvenir à un accord historique dans l’intérêt du Peuple togolais, conformément à la Recommandation N°6 de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) qui stipule :
« Des réformes en profondeur liées aux élections et aux conditions de leur organisation devront être menées. Ces réformes, qui devraient faire l’objet d’un débat national propre à dégager un large consensus, viseront, entre autres :
– le découpage électoral qui doit s’appuyer sur des critères géographiques et démographiques tout en tenant compte de l’histoire du peuplement de notre pays ;
– les modes de scrutin qui seront choisis de manière, d’une part, à toujours garantir l’élection du Chef de L’État à la majorité absolue des votants ; d’autre part, à assurer une représentation fidèle de toutes les sensibilités politiques au Parlement et dans les assemblées locales ;
– le choix des membres des commissions électorales, les garanties de leur indépendance et impartialité ;
– le droit de vote des togolais de la diaspora ».
Interview réalisée par la rédaction
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