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Les rites de veuvage qu’ont connu les Adjigo d’Aného, il y a 70 ans déjà ne sont plus d’actualité. Désormais tout est modernisé et allégé grâce à l’ONG ALAFIA. L’information a été rendue publique samedi à Aného à l’issue d’une cérémonie symbolique.
Au paravent chez les Adjigo et alliés d’Aného, les rites de veuvage, étaient des cérémonies de rudes épreuves surtout chez la femme. Dans un couple quand l’homme ou la femme décède, l’un des conjoints est automatiquement soumis à des cérémonies de veuvage.
Ainsi à de la mort de l’homme, la femme est appelée à se soumettre à certaines dispositions traditionnelles qui durent des mois.
“Pour une femme qui perd son mari, on lui impose de s’agenouiller sur des coques de palmistes pendant des jours. Ensuite elle était internée dans une case où l’on met au feu le petit piment. Et il lui est interdit de tousser sinon elle sera accusée d’être responsable du décès de son mari. Dans la même case, elle doit respirer l’odeur nauséabonde d’urine qui a déjà fait une semaine. Les femmes qui refusaient cette cérémonie font face souvent à des situations malheureuses “, a rappelé Bruce Komla Abraham, responsable des praticiens des us et coutumes chez les Adjigo.
Chez les hommes la cérémonie est plutôt clémente et ne dure qu’une journée.
Mais grâce à l’ONG Alafia avec son projet “Eradication des pratiques coutumières néfastes de veuvage qui sont des formes de violences faites aux femmes et qui peuvent entrainer la contamination au VIH/Sida dans la préfecture des lacs” ce rituel est allégé à une cérémonie symbolique d’une journée chez la femme et une heure chez l’homme.
C’est après consultation et acceptation des mânes des ancêtres que ce rituel a pu être allégé. Pour témoigner cet accord des oracles, le roi de la ville d’Aného, NANA ANE Ohiniko Quam Dessou XV, a pris part personnellement à la cérémonie officielle de déclaration des nouvelles dispositions.
“Je suis présent à cette cérémonie en ma qualité de garant des us et coutumes. S’il doit y avoir une modification ou un allègement, cela ne peut être que sous mon autorité. Ma présence ici témoignage donc la confirmation des nouvelles dispositions. Nous nous inscrivons désormais dans la modernité” a-t-il éclairci.
Pour les responsables de l’ONG, cette nouvelle disposition, n’est que le fruit d’un travail de consultation et de sensibilisation des autorités traditionnelles de la communauté Adjigo et alliés depuis octobre 2016.
“Des pratiques néfastes existent dans la plupart des communautés du Togo. Par exemple Chez les Adjigo, les gens avaient peur de se marier avec eux parce que leurs cérémonies sont très difficiles. Aujourd’hui est un grand jour parce qu’ils ont demandé aux mânes des ancêtres et ils ont éradiqué les rites dégradants“, a précisé Nyuito Adjoavi Tateh, directrice exécutive de l’ONG Alafia.
Vu que les nouvelles dispositions sont prises, le roi des Mina, Chef traditionnel de la ville d’Aného a lancé un appel aux célibataires à se marier sans crainte avec les filles et fils Adjigo.
Après avoir réussi à convaincre les Adjigo d’Aného, l’ONG Alafia sera dans les deux prochaines années dans la préfecture de Dankpen pour les mêmes motifs.
Esaïe EDOH