A la rencontre d’une militante convaincue de l’Union pour la République (UNIR), Mme Agnélé Christine Mensah (Photo). Femme leader, l’ex-ministre délégué auprès du ministre des affaires sociales et de la promotion de la femme, et ex-députée, se prononce au micro de La Symphonie sur la bouillante actualité politique togolaise. ” Que ce soit sous l’empire de la Loi actuelle ou de toute Loi à venir, Faure Gnassingbé est éligible en 2020″, martèle-t-elle. Nous évoquons avec cette ancienne élue de Tohoun le sujet-polémique relatif au rétrécissement annoncé de la voie Notsé-Tohoun.
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Symphonie : Le parti UNIR vient de tenir son premier congrès statutaire après plus de cinq ans d’existence, Comment avez-vous vécu cet événement ?
Agnélé Christine Mensah : C’est un événement que j’ai vécu avec enthousiasme, avec une certaine fièvre, comme tout autre militant du parti UNIR. Ce congrès a été un succès, avec la présence effective du chef de l’État, président fondateur du parti à l’ouverture, ce qui a rehaussé sans doute l’éclat du congrès.
Le congrès a accouché d’un nouvel exécutif, avec seulement deux femmes. La règle de la parité n’est pas respectée, êtes-vous déçue ?
Oui, deux femmes dans le nouvel exécutif, je ne peux pas dire que je suis déçue. Lorsqu’on va constituer les organes censés animer la vie même du parti, on tiendra compte de la parité, parce que le président fondateur du parti attache du prix à cette parité, vous le savez bien, et donc, il n’y a pas de raison qu’elle ne soit pas observée dans son parti.
Bientôt les échéances électorales, on peut dire qu’avec ce congrès le coup de sifflet de la remobilisation des troupes a retenti, n’est-ce-pas?
Nous ne parlons pas de remobilisation. Nous sommes toujours mobilisés à UNIR, derrière le président fondateur du parti. Ce congrès vient juste booster l’ardeur dans la mobilisation des militants.
Le Togo est plongé depuis le 19 août dans une spirale de violences liées aux manifestations de l’opposition sur toute l’étendue du territoire, mais certaines localités sont presque muettes, notamment votre fief Tohoun, chef-lieu de la préfecture du Moyen Mono, quel est votre secret ?
Nous n’avons pas de secret spécifique. Lorsque nous allons vers nos populations, nous leur disons une chose : vous avez mandaté des gens qui vous représentent à l’assemblée nationale, le lieu par excellence de tous les débats; vous avez vos fils, de hauts cadres aux postes de grandes responsabilités, lorsqu’il y a un événement qui nécessite une meilleure compréhension, référez-vous à eux, ils s’empresseront de vous apporter des clarifications. Il ne sert à rien de faire du suivisme et poser des actes qui constituent une réelle menace pour la stabilité de notre pays. C’est en quelque sorte notre secret, mais je peux vous affirmer qu’au-delà de tout, le peuple “Adja” est un peuple assez discipliné, qui ne se laisse pas influencer vaille que vaille.
Parlant de Tohoun, une actualité fait beaucoup parler de cette localité ces derniers jours. Il s’agit de la voie Notsè-Tohoun. Les populations craignent et dénoncent déjà un rétrécissement de la voie, contrairement aux dimensions annoncées au lancement des travaux. En tant qu’ancienne élue de cette localité, avez-vous des informations sur ce sujet?
En tant qu’ancienne élue, on a toujours défendu la construction de cette route. D’entrée, je peux vous dire que dans notre préfecture nous avons un homme providentiel, un fils adja, je veux bien nommer Monsieur Sossou Victor. Celui-ci n’est pas du tout un aventurier dans l’univers des BTP; ses œuvres, aussi gigantesques que magnifiques, peuvent témoigner de son professionnalisme et de son expertise. Il n’est pas possible d’imaginer que M. Sossou Victor ait quelconque intérêt à ne pas bien faire cette route. Puisque cette route, bien avant tout, est sa route à lui. C’est bien cette voie que lui-même emprunte pour aller voir ses parents, et aussi rencontrer son électorat. Vous croyez que ce serait un plaisir pour lui d’emprunter toutes les fois une route ravinée? De faire des allers-retours sur une route impraticable tous les temps? Déjà par le passé, très préoccupé par les questions de route dans notre localité, sur son propre compte, il a bitumé le tronçon qui part des locaux de la préfecture au centre-ville, précisément à l’ancien marché de Tohoun. Comme le dit un vieil adage adja, celui-là qui peut bien te confectionner un pantalon, c’est à partir d’un caleçon que tu le reconnais.
Aussi faut-il le savoir, faire bien une route, c’est le job de M. Sossou Victor, c’est la spécialité de sa société Midnight Sun. Mal faire cette route, lui-même a conscience, plus que quiconque, des lourdes conséquences. Bref, je ne vois pas le Consul Sossou bâcler les travaux de ce tronçon. En vérité, cette voie de 54km qui sépare Tohoun de Notsé, a été répartie entre trois ou quatre entreprises. Et ma foi, la portion attribuée à Midnight Sun a été exécutée dans le délai imparti avec brio. La portion de la voie qui débouche directement sur Tohoun a été confiée à une autre entreprise, qui n’a pas fait son travail. Et à Tohoun, les populations n’ont pas compris pourquoi particulièrement cette portion n’a pas été attribuée à M. Sossou, qui connaît au mieux ses spécificités. Mais je peux dire aujourd’hui que nos prières ont été exaucées, aux dernières nouvelles, Midnight Sun a récupéré cette portion, et personnellement, je me suis frotté les mains pour dire, enfin.
Aujourd’hui, pour une sortie de crise, le dialogue semble s’imposer comme la seule alternative, le gouvernement et la communauté internationale convient tous les protagonistes à un dialogue. Votre parti UNIR est très engagé pour la cause, l’opposition a sa tête dans la rue et exige toujours le départ de Faure Gnassingbé. Qu’est-ce-que cela vous dit?
Les marches de protestation ne sont pas interdites. Elles sont légales. Mais, en ce qui concerne les grands débats qui concernent la vie de la nation, ils se font à l’hémicycle. Les populations ont mandaté certains citoyens pour les représenter, défendre leur cause au parlement. Elles n’ont pas mandaté des chaises vides pour que des élus déplacent les débats de cette envergure (portant sur les réformes constitutionnelles, ndlr) dans la rue. Toutefois, chacun est libre de dégager les stratégies adéquates pour atteindre ses objectifs visés. Vous savez que s’il s’agit de promouvoir la paix, le parti UNIR s’est toujours imposé tous les sacrifices possibles. C’est au nom de cette disposition que le parti s’est hâté de saisir la perche du dialogue tendue par le gouvernement. En tant que citoyenne éprise de paix et engagée pour le développement de mon pays, je pense que les leaders de l’opposition devraient s’assagir davantage, bannir le bellicisme, et retrouver plus de lucidité pour s’engager dans une démarche qui met au-dessus de tout l’intérêt du peuple.
À UNIR, pour 2020, êtes-vous prêts à porter votre choix sur Faure Gnassingbé?
Pourquoi pas? D’abord, c’est le président fondateur du parti, et jusqu’à preuve du contraire, rien ne le disqualifie de la course à la magistrature suprême. Que ce soit sous l’empire de la Loi actuelle ou de toute Loi à venir, Faure Gnassingbé est éligible en 2020. Le parti peut décider de l’investir, et si c’est le cas, au regard des signaux verts de sa gouvernance globale, nous avons la ferme conviction que les togolais, dans leur écrasante majorité, lui accorderont leurs suffrages.
Pour conclure cet entretien…
Je dirai que la polémique autour du rétrécissement de la voie Notsé-Tohoun n’a aucun sens. Midnight Sun va réaliser cette voie d’après les normes prévues par le projet. J’ignore à quelle fin des gens véreux enflent la polémique autour de ce sujet sur fond d’intoxication. Nous, adja, croyons que notre homme providentiel (Victor Sossou, ndlr) va achever ce qu’il a commencé sans faute.
En ce qui concerne l’actualité de la sortie de crise, je demande à tous les acteurs politiques, d’accepter cette main tendue du gouvernement et d’aller rapidement à la table de négociation quelle qu’elle soit pour enfin libérer les rues et relancer notre économie fauchée par les marches à répétition. Notre pays ne mérite plus ce genre de crises aujourd’hui, les défis de développement qui nous attendent sont si grands.
Yves GALLEY
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