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Ce qu’Ouro-Akpo Tchagnaou pense de la démocratie au Togo

Rédigé par : Gapola

Ouro-Akpo Tchagnaou s’inquiète des ressentiments des Togolais faute d’alternance politique dans le pays, de la précarité galopante et de la pauvreté ambiante dans laquelle vivent les populations. Dans une tribune, le président du mouvement Lumière pour le Développement de la Paix (LDP), appelle à bien faire les choses alors qu’il est encore temps. Lisez plutôt !

Le 29 mai 2023, le président du Nigéria Muhamadou Buhari a passé le pouvoir à son successeur, après avoir inauguré la méga raffinerie du groupe Dangoté le 22 mai, à une semaine de la fin de son mandat présidentiel. Cela s’est passé en présence de plusieurs chefs d’État ouest africains. Parmi les présents à la cérémonie, on peut citer le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé. 

Il faut noter que le Togo est le seul pays de la CEDEAO à n’avoir jamais vécu un tel événement. 

Comme on peut le constater, l’alternance est une réalité politique au Nigeria qui a vu passer depuis le retour sur une base démocratique du président Obassandjo, pas moins de 5 chefs d’État, de même que le Ghana voisin qui a connu 4 chefs d’État depuis l’avènement de JJ Rawlings. Le Bénin voisin a également connu la succession de 4 chefs d’État depuis 1990 à ce jour. Ainsi à tous les niveaux le changement structurel sur le plan des infrastructures et l’industrialisation est une réalité visible avec des initiatives sans la peur du lendemain. 

Malheureusement le Togo est très loin de cette réalité, malgré l’apaisement politique et les engagements prévus par l’Accord Politique Global du 20 août 2006 et de la déclaration du chef de l’État à Atakpamé “Plus jamais ça sur la terre de nos aïeux”. À ce jour, cette phrase reste la plus énigmatique dans notre pays en ce sens que les prisons togolaises sont remplies des opposants au régime au pouvoir, alors même que les auteurs des crimes économiques sont libres de leurs mouvements. L’impunité au sommet de l’État est un principe sacré et caractéristique de la gestion du dénié public. Ce qui n’est pas sans nous rappeler que, après les indépendances, les dirigeants des États colonisateurs ont recommandé à la nouvelle classe de l’oligarchie africaine qu’ils ont installé :” Servez-vous des caisses publiques, confondez l’argent public et l’argent privé, bâtissez-vous des fortunes”. Mais laissez vos pays sous l’orbite de l’oligarchie internationale. Cela fait d’eux des amis. Ainsi, il apparaît clairement dans le comportement de nos dirigeants, une posture à pratiquement préparer le peuple togolais à accepter la pauvreté comme une fatalité. Ce qui s’explique par cette brutalité pour imposer ” une gouvernance par la peur” selon la première ministre madame TOMÉGAH. La question fondamentale qu’il urge de se poser est comme Joseph Ki Zerbo, à quand le développement du Togo ou alors à quand l’émergence du Togo ? Il y a 60 ans, le Togo avait le même niveau de développement que la Corée du Sud, tous classés parmi les PMA (Pays les Moins Avancés). Aujourd’hui la Corée du Sud, après trois décennies de prise en main de son destin, est désormais classées 11e puissance mondiale. Le secret de l’émergence de ce pays se trouve dans un leadership politique visionnaire, des investissements robustes dans une éducation de qualité, la promotion de l’entrepreneuriat local, une stratégie industrielle originale, tout ceci bien adapté avec un leadership des hommes et des femmes honnêtes et patriotes. Tout le contraire dans notre pays avec plutôt la promotion du clientélisme, le tribalisme, le népotisme, le tout couronné par la médiocrité et la mauvaise gouvernance. Ce qui explique le surplace et les échecs programmés de toutes les politiques de développement initiées depuis 2008 à ce jour. La preuve, le rapport de la BAD qui a montré que de 2008 à 2020 la contribution de l’agriculture dans le PIB est passé de 40 % à 28 % soit une baisse de 12%. Ce qui est paradoxal à voir les investissements énormes réalisés dans l’agriculture. C’est à juste titre que nous nous sommes pris la tête lorsque le chef de l’État a déclaré devant les journalistes le 26 avril dernier :« ma conception du pouvoir n’est pas d’être un guide qui fixe le cap. C’est plutôt une aventure collective ». Ceci explique tout car, il n’est un secret pour personne que, l’entourage du chef de l’État, dans la plupart des cas, est constitué de personnes qui se comportent comme des criquets pèlerins qui ravagent tout sur leur passage. Plusieurs sociétés d’État ont été mises en faillite puis changées de nom si ce n’est pas la forme juridique par faute de mauvaise gestion. Le dernier rapport de L’ITIE en 2019 avant la suspension du Togo à cette organisation internationale est très révélateur. 

Si nous comparons l’évolution des structures des infrastructures de base c’est-à-dire la superstructure qui précède le développement dans les pays limitrophes et la fréquence de l’alternance démocratique, nous pouvons affirmer sans nous tromper que l’absence de l’alternance dans notre pays est un frein au développement. 

Le paradoxe entre la longévité du pouvoir et la situation exsangue de l’économie, l’absence de la cohésion sociale et une société politiquement divisée, constituent les conséquences. La seule solution envisageable est l’apaisement politique et une redéfinition du tissu économique fondée sur les échelles de valeurs industrielles adaptées à notre culture. Ce qui nécessite le changement de paradigme dans tout le système de formation et de l’investissement. 

Le mimétisme grandiloquent pour un développement mal programmé a créé un état de surendettement peu favorable au retour sur investissement afin de garantir un minimum social commun. La modernité qu’on nous a vendu depuis des décennies est une modernité de façade avec un grand fossé entre une minorité très riche autour du chef de l’État et une grande majorité très pauvre telle que reconnu par le chef de l’État lui-même le 26 avril 2012. Ce qui est à la base de beaucoup de frustration, une bombe à retardement avec la formation potentiel des fous en armes comme ce qui se passe dans le Sahel. Comme on le dit ces derniers moments “allons-y seulement”. Oui “allons-y seulement”, cependant, lorsque le peuple se trouve dans cet état, il perd confiance en ces dirigeants et perd son amour pour sa patrie. Sans amour et un solide sentiment d’appartenance à sa communauté, la société s’égare. Seul l’apaisement politique peut nous éviter de nous égarer de ce qui nous réunit, c’est-à-dire l’amour de la patrie. C’est pourquoi il devient impératif de libérer tous les prisonniers politiques et envisager un mécanisme d’amnistie pour le retour de tous les exilés. 

Notre vision pour notre pays est claire et fondée sur la confiance en l’avenir du Togo, avec un système éducatif performant, qui ne forment pas pour le chômage. Un système politique fondé sur l’équité et la justice pour tous. Il faut redéfinir notre système économique qui valorise l’entreprise nationale avant l’entreprise étrangère, en créant un environnement économique et social compatible à l’initiative et le progrès sur la base de l’esprit du patriotisme qui garantit l’harmonie des intérêts pour assurer le vivre ensemble.

OURO-AKPO Tchagnaou, président du mouvement Lumière pour le Développement dans la Paix (LDP)

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