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Togo : Pourquoi les championnats nationaux n’attirent plus de monde ?

Rédigé par : Gapola

C’est un constat qui inquiète depuis un certain temps et plus les journées de championnat passent, plus la situation s’empire. Directeur Général de togosports.info, Stéphane Attigossou  évoque dans un entretien les raisons de ce désintéressement de la population vis-à-vis d’un sport toujours considéré comme roi au Togo.
 

C’est incroyable de constater qu’un derby de la capitale que ce soit As Togo Port vs Dyto ou As Otr vs Dyto en D1 et Étoile Filante vs Entente, ne puisse faire le plein du Stade Municipal de Lomé, à l’Etat-Major ou encore à la JCA d’Agoè-Nyivé. Une raison qui pourrait justifier cela est l’absence de grands noms dans les championnats selon Stéphane Attigossou.
“Dans les temps passés il y avait de très grands joueurs qui se produisaient, donnaient vraiment envie de venir au stade. Lorsque vous entendez par exemple Soukli Yaovi, vous entendez parler de Yakpo dans l’équipe d’Okiti de Badou, un certain Ouadja Lantame, Nibonbé Daré et bien d’autres, vous avez envie d’aller au stade parce que c’étaient des challenges qui faisaient déplacer beaucoup de personnes” a expliqué l’initiateur du tournoi “Made in Togo”.
Reprendre avec la formation à la base
Plusieurs observateurs du football national font cette proposition lorsqu’il leur est posé la question de trouver des pistes de réflexion sur les maux qui minent le football au Togo. Et pour Attigossou, cette formation à la base est non seulement idéale pour les joueurs, mais aussi adéquate pour les entraîneurs.
“Je pense qu’il va falloir reprendre avec la formation à la base, permettre à nos joueurs d’avoir de bons niveaux. Et pour qu’un joueur puisse avoir un bon niveau, il va falloir que son encadreur ait un bon niveau. Les entraîneurs du temps passé que j’ai connu par exemple Bawa Bako, Kabiya, Tchanilé Bana et autres, n’avaient pas la licence B, C ou A dont on parle aujourd’hui. Mais ils étaient bien formés et outillés, connaissaient bien le métier et le faisaient convenablement” a-t-il rappelé.
Formation oui, mais aussi recyclage
Stéphane Attigossou déplore le fait que les entraîneurs ne cherchent plus à consolider leurs acquis après une quelconque formation. Et cela a des répercussions sur les championnats nationaux.
“Aujourd’hui vous voyez des entraîneurs qui ont la licence C ou B, mais ne suivent plus de formation après pour soutenir  ce qu’ils ont déjà appris, c’est ça le problème. Il faut absolument réussir à avoir le diplôme, mais aussi les formations d’appui et les recyclages, sont très importants pour que nos entraîneurs puissent avoir un niveau élevé. C’est ça qui manque, lorsqu’on veut éduquer une personne, il faut d’abord l’être soi-même. Du coup les entraîneurs ont du travail”, a-t-il déclaré.
 
La formation continue, un devoir pour la fédération
Le TMO de l’As Togo Port trouve que la fédération a une part de responsabilité dans cette situation. Et elle doit accentuer sur le recyclage afin d’avoir un championnat attractif.
“La fédération doit mettre le cap sur la formation continue, le recyclage pour ceux-là qui ont déjà le diplôme et puis ça va rejaillir sur nos joueurs et leurs prestations sur le terrain. Maintenant quand la prestation est bonne, il est facile d’inviter les gens à venir regarder. Quand ils repartent avec beaucoup de plaisirs, de gestes techniques, de talents qui se sont révélés, ça donne envie de revenir. Comme vous le savez, la communication va très vite chez nous en Afrique, c’est de bouche à oreille, tout le monde en parle et ça devient intéressant. Je crois donc qu’il est important qu’on s’occupe de nos formateurs” a recommandé Stéphane Attigossou.
Le marketing, domaine à perfectionner à la fédération
La vente du championnat à l’extérieur ne se fait pas comme cela se doit, et la fédération doit rectifier le tir à ce niveau aussi bien que celui de la communication, juge Stéphane Attigossou.
“Le volet marketing de la fédération doit aussi travailler. C’est comme un produit qu’on veut vendre. Si on ne le présente pas bien, il peut être bon, mais les gens ne s’y intéresseront pas, donc il est important que les organisateurs des compétitions notamment la fédération Togolaise de Football (FTF), puissent mettre un accent particulier sur l’aspect marketing et la communication”, a-t-il proposé.
Les chargés de communication des clubs doivent revoir leurs copies
C’est l’autre sujet qui souvent est abordé en catimini au risque de se faire prendre pour un espion. Les chargés de communication de club ne travaillent quasiment lorsque leurs équipes ont un match dans la semaine. Or ce rôle recommande une entente tacite avec la fédération afin de faciliter pour celle-ci la collecte des informations, les vraies, de la part de chaque club.
“Aujourd’hui les clubs ont des chargés de communication, mais dites-moi véritablement si ces chargés de communication là font leur travail en collaboration avec la fédération, non ! Il y a tout un travail que le chargé de communication doit faire et qui doit profiter à la fédération Togolaise de football et aux compétitions. La fédération doit se rendre compte que ces journalistes qui sont aux côtés des clubs doivent travailler dans le sens de la mobilisation des gens pour le championnat, pourquoi ne pas faire en sorte que le championnat puisse avoir l’engouement que suscitent nos équipes nationales. Vous savez, quand les Eperviers jouent, l’ambiance déjà dans la semaine, les discussions vont bon train, les émissions par ici (…), on peut faire la même chose. Ça dépend de ce que la fédération veut, c’est elle qui va mettre le canevas et les médias vont suivre” a-t-il indiqué.
Le football c’est de l’argent, et pour en avoir il faut d’abord mettre de l’argent
Le manque de risque coûte énormément à notre football, pense Stéphane Attigossou. Et pour y remédier il va falloir sortir de sa bulle et investir dans les compétitions nationales avant de s’attendre à n’importe quel résultat.
“Le football c’est de l’argent, et pour en avoir il faut d’abord mettre de l’argent. Donc la fédération doit pouvoir mettre les moyens nécessaires afin de pouvoir récolter par derrière. Lorsque le maître mot chez nous c’est toujours il y en a pas, il y en aura jamais. Il va falloir laisser libre cours à l’argent de pouvoir venir” a-t-il martelé.
Aimé ATTI

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