Depuis plusieurs jours, un phénomène que l’on croyait révolu refait surface dans les établissements scolaires togolais. Il est notamment question des cours de répétition payants organisés par certains enseignants, souvent en dehors du cadre réglementaire. Pourtant, ces pratiques avaient été strictement interdites par l’ancien ministre des Enseignements primaire et secondaire, le Professeur Dodji Komla Kokoroko, dans le but de préserver l’équité entre élèves et d’alléger la charge financière des familles.
Selon plusieurs parents d’élèves interrogés, ces séances, parfois imposées de manière indirecte, sont redevenues monnaie courante dans de nombreuses écoles publiques et privées du Togo.
« Si votre enfant ne participe pas aux cours de répétition, il risque d’être laissé de côté pendant les explications en classe », confie une mère d’élève visiblement frustrée. Cette pression place les familles, déjà affectées par une conjoncture économique difficile, dans une situation délicate.
Pour rappel, l’interdiction prononcée sous l’ère Kokoroko visait à mettre fin aux dérives observées. Principalement la monétisation des heures supplémentaires, le favoritisme envers les élèves payants, et l’épuisement des enfants soumis à des journées interminables. L’objectif était de recentrer l’enseignement sur le temps scolaire officiel, considéré comme suffisant pour l’acquisition des compétences de base lorsque les programmes sont appliqués correctement.
Mais sur le terrain, le retour des cours de répétition payants semble symptomatique d’un malaise plus profond. Certains enseignants évoquent un manque de moyens, un effectif trop élevé ou encore la nécessité de compléter leur revenu. D’autres estiment que la pression des examens pousse naturellement les parents à réclamer des séances supplémentaires.
Face à cette résurgence, les syndicats enseignants et les associations de parents d’élèves appellent à un dialogue franc avec les autorités éducatives. Ils plaident pour une clarification ferme des règles, mais aussi pour des mesures structurelles visant à améliorer les conditions d’enseignement que sont le renforcement du suivi pédagogique, la réduction des effectifs et la formation continue des enseignants.
Alors que l’année scolaire se poursuit, beaucoup de questions taraudent l’esprit. L’interdiction des cours de répétition est-elle encore respectée ou a-t-elle été abandonnée de facto ? Et quelles mesures seront prises pour protéger les élèves des dérives tout en répondant aux besoins réels du système éducatif ?
Pour l’heure, Mama Omorou, ministre de l’Education nationale n’a pas encore communiqué officiellement sur ce retour en force. Mais si rien n’est fait, le risque est grand de voir s’installer durablement un système parallèle, inégalitaire et épuisant pour les élèves comme pour leurs familles.
@Gapola
