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LÉGISLATIVES 2018 : PETER AFADODAN QUITTE LA BARQUE CLE

Rédigé par : Gapola

Le Cercle des Leaders Émergents (CLE) entame la campagne électorale des législatives du 20 décembre 2018, dans la division. Et pour cause, son secrétaire général, Peter Afandodan (Photo) vient de claquer les portes. Il y’a une semaine, il dénonçait à travers une publication, la participation de sa formation politique aux législatives “contestées” qui s’organisent “unilatéralement” par le parti au pouvoir, dans un climat de crise. Vu que Peter ait pris l’engagement d’attirer à plusieurs reprises l’attention des membres du parti sur le risque qu’ils encourent en prenant part à ces scrutins et qu’il n’a pas été écouté, il a décidé simplement de se retirer de cette formation. A travers une correspondance en date du 30 novembre, adressée au président du parti, il a annoncé sa démission. Voici en intégralité le contenu de sa lettre.

Conakry, le 30 Novembre 2018

 A
 Maître AGNINA Yacoubou,
 Président du parti CLE
 Lomé
Objet : Ma démission
Monsieur le Président,
Souffrez que j’introduise cette lettre par cette assertion de Lev Tolstoï « la conscience des hommes ne peut être apaisée par de nouvelles inventions, mais seulement par une vie nouvelle ! », d’où, le nécessaire changement.
L’indispensable changement est un « cocktail » dont les « ingrédients 
essentiels » se composent de : l’amour de la patrie, le respect de la volonté populaire, de la volonté politique, l’honnêteté et la cohérence politique, le tout tapissé par le respect des principes démocratiques et de l’État de droit.
Monsieur le Président,
Le bien-être, pour ne pas dire, le bonheur auquel aspire le Togolais, ce bonheur qu’il espère et convoite instamment depuis des décennies, sera la résultante de maints facteurs dont la justice, le respect des principes démocratique, la loyauté des acteurs politiques vis-à-vis du peuple, l’application des principes de la bonne gouvernance et le respect des droits fondamentaux et des libertés publiques. La justice est la condition sine qua non pour l’obtention de la Paix et seule la démocratie garantit les droits fondamentaux et les libertés publiques.
C’est dans cette quête de Justice, de la bonne gouvernance mais aussi de la démocratie que je me suis engagée à vos côtés depuis bientôt douze ans (12ans). Oui, nous avions fait un parcours dans des conditions difficiles et très jeune que j’étais, j’ai dû faire des sacrifices énormes. 
C’est la somme de tous ces efforts et sacrifices communs, entrepris depuis 2007, qui nous a conduits, avec d’autres frères et sœurs, à présenter aux togolais des listes « CLE » pour participer aux élections législatives de juillet 2013. Une participation qui nous a permis d’avoir la confiance de plus de 16000 togolais.
Pour continuer à participer aux débats politiques, à contribuer à l’enracinement de la démocratie, de l’État de droit et de la bonne gouvernance, nous avions jugé bon de constituer un parti politique. Notre parti, s’est donné comme priorités la lutte pour la réalisation des réformes constitutionnelles, institutionnelles, électorales, économiques et sociales qui pourront contribuer d’une part à l’apaisement, à une distribution équitable de nos richesses mais surtout à l’alternance démocratique au sommet de l’État. Très tôt, les problèmes ont commencé dans notre jeune parti. 
Le bureau directeur, organe principal du parti, ne s’est jamais réuni au complet. Un congrès n’a jamais eu lieu. Toute initiative visant à ce que ces points susmentionnés soient respectés, n’était pas vos prioritaire à vos yeux. A cause de la mauvaise gestion du parti émaillée par une démarche minoritaire, anachorète, esseulé, beaucoup de jeunes, de femmes, la majorité des membres fondateurs, ont quitté nos rangs. Mais, les ramener dans notre maison CLE, n’était pas pour vous nécessaire. 
Ainsi, le navire CLE, pris dans la forte tempête caractérisée par un saigné dans nos rangs, a connu une descente aux enfers. Et pendant que nos éléments parmi les plus signifiants désertaient le «navire», j’ai su rester et tenir, avec beaucoup de sang froid, de calme, de dignité, de courage, de détermination et de persévérance, la barque du «navire» CLE, le maintenant à flot, avec quelques fidèles irréductibles!
On a vaillamment bravé toutes sortes de critiques sur la gestion tant décriée dans le fonctionnement ainsi que dans l’organisation. Malgré, toutes ces dérives, j’ai su maintenir le cap et rester visible quand l’essentiel de notre «équipage». Je suis resté de marbre, inflexible (comme d’habitude) devant les désertions et les coups de boutoir que recevait le «navire» sur ses flancs et- dans ses travées. Au plus, j’ai toujours continué à œuvrer pour une cohésion au sein de CLE mais, aussi pour le faire connaître sur la scène politique à travers des interventions objectives. .
Nonobstant, tout ce sacrifice, vous venez de me poignarder dans le dos. J’ai été fidèle à mes valeurs et à celles de notre CLE. A ce jour, il n’y a que, 04 membres du bureau directeur, sur 21, qui sont avec vous. 
Dans ces conditions, il est inadmissible et d’ailleurs illégal que la minorité puisse continuer de prendre des décisions aussi importantes, qui engagent l’avenir du parti. Ce qui devrait être fait, c’est de convoquer un Congrès qui devra régler toutes ces questions.
Depuis 19 août 2017, le peuple togolais, dans sa majorité a fait de la réalisation des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales, une priorité avant toute élection. Après, plusieurs mois de fuite en avant, le pouvoir a décidé d’organiser des élections législatives. Alors que les forces vives de la nation et les principaux partis politiques de l’opposition, avec qui, nous étions hier pour ces mêmes questions, sont contre cette pagaille, vous aviez décidé avec 2 ou 3 membres du bureau directeur sur 21 membres, de cautionner ces élections. Vous avez contacté des jeunes qui ne sont même pas membres de CLE. Beaucoup de ces jeunes ont refusé. 
Monsieur le Président,
Ayant appris cette dangereuse décision, prise en toute violation de nos textes, j’ai fait une déclaration pour alerter l’opinion nationale et internationale. Suite, à cette déclaration, j’ai été choqué, indigné et outré par vos propos sur notre plateforme, me traitant de détracteur travaillant pour vos ennemis. Alors que, aux vus et aux sus de tout le monde, cette décision trahi tous les principes idéologiques et toutes les valeurs qui fondent notre parti CLE dont la solidarité, l’égalité, la liberté, la justice sociale, la démocratie et le progrès.
Mais, disons-nous une chose : Pourquoi, chercher des poux sur une tête rasée ? Pourquoi toutes ces campagnes éhontées à mon endroit ? Le bon sens n’est-elle pas la chose la mieux partagée ? Le leader politique doit-il chercher ses intérêts personnels ou les intérêts du peuple ? Le leader politique doit-il penser à lui ou aux autres ? Mais, disons-nous une chose : Pourquoi, chercher des poux sur une tête rasée ? 
Pourquoi toute ces campagnes éhontées à mon endroit ? Le bon sens n’est-il pas la chose la mieux partagée ? Le leader politique doit-il chercher ses intérêts personnels ou les intérêts du peuple ? Le leader politique doit-il penser à lui ou aux autres ? 
Mais, une chose est sure, aller à ces élections dans les conditions actuelles, c’est accepter d’aller jouer un match de football, dont les arbitres sont du camp adverse, les règles du jeu sont établies par le camp adverse et un but marqué par le camp adverse vaut 3 point contre 1 point pour votre but. Comment CLE peut prétendre aller à ces élections dans ces conditions et espérer gagner quoi ?
Y Aller et espérer gagner le pourvoir, UNIR, dans ces conditions actuelles, c’est allé attendre un bateau dans un aéroport le Président,
Je me sens trahi, je me sens livré par perfidie. Ce chemin vous empruntez, mène sans escale vers la crevasse. Tel chemin paraît droit aux yeux de l’homme, mais, son issue, c’est la mort !
Ma conscience n’est plus tranquille et chaque fois que je relis vos propos, je me sens trahi par quelqu’un que je considérais comme un « père ». Souvenez-vous, ça fait 12 ans que je suis à vos côtés. Je n’avais que 21 ans quand je vous ai connu. Mais, j’ai accepté de défendre des principes démocratiques, la justice et la bonne gouvernance. Et, c’est toujours d’ailleurs, la défense de ces principes, qui m’amène à vous écrire cette lettre pour vous signifier ma démission, que vous attendez depuis, parce que je suis devenu gênant du fait d’être aux côtés du peuple. Je ne compte pas trahir la mission actuelle de notre génération. L’heure est à la mobilisation pour obtenir les réformes et non pour une quelconque participation 
à une élection. 
Je n’ai plus de ressources morales pour continuer à occuper le poste de Secrétaire général de CLE. 
Nous avons tous rendez-vous avec l’histoire et je préfère avoir une conscience libre et tranquille. Je ne veux pas être associé à ce qui pourra arriver au soir du 20 décembre 2018.
Tout en vous souhaitant bonne réception, je vous prie d’agréer mes salutations les plus respectueuses.
Ancien 
Secrétaire du Parti CLE
Peter AFADODAN

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