Le Mouvement Martin Luther King (MMLK) ne comprend pas le silence coupable des autorités togolaises face aux injustices flagrantes et répétées dont font l’objet les togolais travaillant dans les sociétés de la zone franche. Dans un courrier au directeur général de la Société d’Administration de la Zone Franche (SAZOF), Pasteur Edoh Komi, président du MMLK dénonce le fait que la plupart des sociétés de la zone franche, détenues majoritairement par des expatriés, se sont transformées en zones de non-droit, où les règles élémentaires du travail sont bafouées.
Le Mouvement Martin Luther King (MMLK) se prononce à nouveau sur la situation des travailleurs des sociétés de la zone franche au Togo.
Dans un courrier adressé lundi 17 mars 2025, au directeur général de la Société d’Administration de la Zone Franche (SAZOF), avec pour objet : « 35 ans après, la zone franche demeure une « vache à lait » pour les opérateurs au détriment des travailleurs, le MMLK s’indigne contre le silence coupable des autorités togolaises face aux traitements dégradants et inhumains auxquels sont soumis les travailleurs des sociétés de la zone franche.
« C’est avec consternation et indignation que nous vous adressons cette lettre pour dénoncer l’aliénation et l’exploitation dont sont victimes nos compatriotes travaillant dans les sociétés de la zone franche depuis maintenant 35 ans.
En effet, dès sa création dans les années 1990 sous l’impulsion du feu Président GNASSINGBÉ Eyadéma, la zone franche avait pour objectif de réduire le chômage et d’offrir des opportunités d’emploi à la jeunesse togolaise. Or, 35 ans plus tard, force est de constater que, pour les milliers d’employés de ces entreprises, le quotidien est fait de regrets et d’amertume », a-t-il écrit.
Selon Pasteur Edoh Komi, la plupart de ces sociétés, détenues majoritairement par des expatriés, se sont transformées en zones de non-droit, où les règles élémentaires du travail sont bafouées.
« En 2009 déjà, le Mouvement Martin Luther King alertait sur cette situation en publiant un rapport intitulé « Zone franche ou esclavage des temps modernes ? », a-t-il rappelé.
En effet, les employés des sociétés de la zone franche travaillent sans relâche mais sont faiblement rémunérés et, pire encore, dans des conditions précaires et inhumaines.
Ils ont des salaires dérisoires souvent en deçà du SMIG fixé à 52 500 FCFA et des contrats à durée déterminée (CDD), avec très peu d’accès aux contrats à durée indéterminée (CDI).
Ne disposant pas de bulletins de paie, ils sont soumis à des heures supplémentaires non rémunérées à leur juste valeur.
Pour Pasteur Edoh, la sécurité et la protection au travail dans ces sociétés sont négligées exposant les employés à des accidents dont la prise en charge repose généralement sur eux-mêmes.
« Pire encore, le droit de grève, pourtant reconnu comme un recours fondamental des travailleurs, est formellement interdit dans ces entreprises. Toute tentative de contestation est réprimée par des licenciements abusifs, comme en témoigne le cas récent des délégués du personnel de la société Mèches Amina. Malgré les efforts des organisations syndicales, ces violations des droits des travailleurs persistent », a-t-il dénoncé.
Face à ces injustices flagrantes et répétées, le MMLK dit constater avec regret l’inaction de la SAZOF, qui demeure silencieuse, tout comme certains inspecteurs du travail accusés de complaisance et de complicité avec les opérateurs économiques.
« L’impression qui se dégage est que la SAZOF se préoccupe davantage de la protection des employeurs que de celle des travailleurs.
35 ans après, alors que les entreprises de la zone franche bénéficient d’avantages douaniers, fiscaux et administratifs considérables, elles maximisent leurs profits en laissant l’État togolais et ses citoyens dans la précarité. Ce n’était certainement pas la vision de l’initiateur du projet, qui voulait offrir un avenir meilleur à la jeunesse », a expliqué Pasteur Edoh.
Des recommandations
Engagé dans la défense des travailleurs et l’amélioration de leurs conditions de vie, le Mouvement Martin Luther King exige une réforme en profondeur des statuts de la zone franche, afin de garantir des conditions de travail dignes et équitables et le respect strict de la législation du travail en vigueur au Togo, notamment en ce qui concerne les contrats, les salaires et les droits sociaux des employés.
Le drame de la Société Nouvelle d’Industrie à Gbatope
Selon le MMLK, les employés de la Société Nouvelle d’Industrie à Gbatope, dans la préfecture de Zio font l’objet d’esclavage moderne.
« Les employés y sont traités avec un mépris total, y compris par l’administration togolaise.
Depuis plusieurs mois, un bras de fer oppose les travailleurs à la direction de cette entreprise, ces derniers réclamant des conditions de travail et de vie plus dignes. En réponse, ils ont été violemment réprimés. Plusieurs d’entre eux ont été roués de coups par des vigiles et agents de sécurité de la société, au point d’être hospitalisés à Tsévié », a déploré le MMLK.
Face à cette situation, le MMLK se demande comment peut-on accepter que des étrangers viennent imposer leur loi sur notre sol en toute impunité et pourquoi, dans la zone franche, les bourreaux sont-ils systématiquement protégés au détriment des victimes ?
Un appel à l’action
Se réservant le droit de lancer une grande manifestation dans les jours à venir pour exiger des réformes urgentes et une justice pour les travailleurs de la zone franche, le Mouvement Martin Luther King, le MMLK appelle à la fin des injustices flagrantes et répétées contre les travailleurs.
@Gapola