Accueil » ANTOINE SEDJRO: “LA PREUVE QUI A SERVI À SANCTIONNER L’ARBITRE COMME ÉTANT CORROMPU, C’EST CETTE MÊME PREUVE QUI DOIT SERVIR À SANCTIONNER LE DIRIGEANT QUI A CORROMPU L’ARBITRE”

ANTOINE SEDJRO: “LA PREUVE QUI A SERVI À SANCTIONNER L’ARBITRE COMME ÉTANT CORROMPU, C’EST CETTE MÊME PREUVE QUI DOIT SERVIR À SANCTIONNER LE DIRIGEANT QUI A CORROMPU L’ARBITRE”

Rédigé par : Gapola

Il y a quelques semaines, l’Association des Arbitres de Football du Togo (ANAFOOT) était passée par tous les états. Des violences faites sur ces membres, de la sortie d’un communiqué invitant ses membres à boycotter la 16ème journée de la D1, les 12ème et 14ème journées de la D2, de la rencontre avec la FTF passant par les 10 minutes de retard exigée pour protester contre la violence, Antoine Kossi Sedjro (Photo), président de l’ANAFOOT,  a accepté répondre aux questions de l’équipe rédactionnelle de gapola.net. Dans cet entretien, il est revenu sur les motivations de l’ANAFOOT à suspendre le mot d’ordre de boycott, les solutions prises au congrès ordinaire de la FTF pour lutter contre la violence, les accusations de corruptions de certains de ces membres, le prochain congrès ordinaire de l’ANAFOOT. Aussi, a-t-il  lancé un message au sélectionneur national, aux joueurs et au public sportif pour le match du 24 mars opposant le Bénin au Togo à Cotonou. Lisez plutôt !

GAPOLA : Comment se porte aujourd’hui l’ANAFOOT?
Antoine Kossi Sedjro : L’ANAFOOT se porte très bien. Aujourd’hui, je me réjouis que les arbitres aient encore pris goût de l’Association depuis qu’on a pris les rênes. L’Association se porte très bien.
Quelles ont été les promesses faites par la FTF qui vous ont incité à officier la journée que vous avez voulu entre temps boycotté?
Ce n’est pas une question de promesses. La violence, tout le monde l’a condamné que ça soit la FTF et l’ANAFOOT. Il faut qu’ensemble on trouve les voies et moyens pour éradiquer ces violences sur les terrains. Donc ce n’est pas une question de promesses mais on a discuté. On était sur une position de boycotter mais quand on a ouvert les discussions, il faut que les résultats nous donnent les dispositions à adopter et c’est ça qui a été fait que le weekend qui a suivi. Et  on a demandé aux arbitres d’aller sur les terrains. Il y a certaines réalités, par exemple, la présence des forces de l’ordre et autres, on ne peut les constater que sur les terrains pour voir si ces dispositions sont prises donc c’est une question de comment faire ensemble pour éradiquer les violences sur les terrains.
Après un recul, était-ce la bonne décision prise par l’ANAFOOT?
Oui, c’était la bonne décision prise parce que supposons que le weekend qui a suivi les violences, on n’avait pas joué, on serait peut-être actuellement dans ces situations là où il faut jouer ou ne pas jouer. Mais en jouant ce weekend-là, c’est vrai qu’il y avait eu encore des incidents à Badou et je suis certain que la commission de discipline se penche sur cette affaire pour sortir la sanction qui s’impose. Voilà que le weekend passé, tout s’est bien déroulé, je me félicite pour ça. Les acteurs dépensent, on doit alors les accompagner mais l’essentiel est que le minimum soit fait pour qu’ensemble on évite les violences sur les terrains.
Vous avez parlé des incidents de Badou, peut-on dire que si les arbitres ont décidé véritablement de boycotter, on n’allait pas en arriver là?
On ne peut pas avoir toutes les solutions avant d’aller sur un match, ce n’est pas possible. Mais on doit avoir les approches de solutions parce que sur un terrain de football, personne ne prédit ce qui peut arriver. Ce n’est pas le fait de jouer ce weekend-là qui a entraîné des violences à Badou. Alors ce n’est pas une question d’avoir toutes les solutions avant d’aller au terrain mais c’est une question  de conscientiser les gens que le football est un jeu de loisir.
Lors du congrès ordinaire de la FTF, il y a eu des solutions à court et à long terme pour éradiquer les violences dans les stades, quelles appréciations faites-vous de ces dispositions?
Oui, effectivement, lors du dernier congrès ordinaire de la FTF, tout le monde a parlé de ces situations de violences. Le président de la FTF, dans son allocution, est revenu en long et en large sur ces cas de violences, le ministre en charge du sport est revenu sur les violences, cela prouve que ça préoccupe les acteurs, les arbitres, la FTF, le ministère. Donc c’est un enjeu, on a essayé de prendre des résolutions pour voir comment faire pour que dans l’avenir on évite ces genres de situations. Après ce congrès, après ces discussions, le weekend qui a suivi on a joué et il n’y a pas eu de violences. C’est ce qu’on souhaite tous, on veut aller sur les terrains et revenir en joie.
Lors de ce même congrès, vous avez émis l’idée de vidéo. D’aucuns disent que c’est trop ambitieux de votre part. Parlez-vous de la VAR ou d’autres choses? Donnez-nous de plus amples informations?
J’avais intervenu en proposant la présence des caméras sur les terrains. Certains l’ont compris comme si les arbitres demandaient la VAR. C’est trop demandé, la VAR est un système complexe qu’au Togo je ne crois pas qu’on puisse l’avoir pour le moment. Donc je ne demande pas à la fédération de mettre la VAR dans nos stades mais d’avoir des caméras même si c’est nos tablettes, il faut qu’on ait des images sur des matchs qu’on joue de telle sorte que si incrimine un arbitre ou un joueur, qu’on ait les images pour prouver, c’est ce que nous demandons au niveau de l’association. Quand il y a les preuves, le problème ne se pose pas.  Si c’est l’arbitre qui est en erreur, si on doit le sanctionner, on le sanctionne. C’est juste de disposer des caméras dans les stades pour les images.
Il y a des accusations de corruption à l’égard des arbitres. Est-ce vrai? Avez-vous déjà diligenté des enquêtes pour connaître ces présumés corrompus?
Généralement, tout le monde parle de la corruption, il s’est révélé que dans le monde du football, il y a la corruption. Dans les grandes instances, au niveau de la FIFA, la CAF… il y a des problèmes de corruption. Mais comment éradiquer ces situations-là, c’est ça la réalité aujourd’hui. Quand c’est avéré qu’il y ait corruption quelque part, l’association va militer pour la sanction de cet arbitre, la CAF et la FIFA l’ont fait. A leur niveau, les preuves sont là. Si nous avons également les preuves, l’Association va militer pour la sanction. Je précise encore, la preuve qui a servi à sanctionner l’arbitre comme étant corrompu, c’est la même preuve qui doit servir à sanctionner le dirigeant qui a corrompu l’arbitre. Les deux doivent aller de pairs. Il doit y avoir des sanctions des deux côtés pour éradiquer ce fléau dans le football togolais.
Sur un média la dernière fois, le président de la SNPT, Henri Djagba a nommé certains arbitres comme étant corrompus. Quelle a été votre réaction à l’ANAFOOT après avoir eu cette information?
Ce sont des accusations non fondées parce que quand j’ai écouté l’audio, le fait qu’il ait nommé l’association pour dire qu’elle a ses arbitres qu’elle envoie sur les matchs, ce sont de fausses allégations. En marge du congrès, on l’a rencontré pour qu’il nous donne sa version de la chose. En réalité, il n’a pas de preuves. Ce sont des accusations en l’air, c’est vrai que quand ton équipe n’évolue pas, il faut toujours trouver des boucs-émissaires. Le fait de citer les noms sur les médias c’est comme il incite la population à commettre la violence sur ces arbitres alors qu’il n’a aucune preuve. C’est un peu dommage pour un responsable et je crois qu’il a compris quand on avait discuté.
A quand le prochain congrès ordinaire de l’ANAFOOT?
Le prochain congrès ordinaire c’est bientôt. On est même dans les préparatifs, les documents sont déjà prêts et on va les balancer aujourd’hui ou demain. On a le congrès ordinaire le 23 mars prochain à Kara. Dans nos statuts, on a prévu qu’après 2 ans d’activités, il faut qu’il y ait un congrès ordinaire. On nous a élu le 25, on a fait la passation de services le 31 mars 2017 donc on est à 2 ans pratiquement de notre fonction et on fera le congrès ordinaire le 23 mars. Ça se fera à la veille du match Bénin-Togo très important pour la qualification, c’est une manière aussi de regrouper les arbitres pour être en communion d’esprit pour soutenir les Éperviers du Togo.
Pourquoi le choix de Kara?
Le choix de Kara parce que l’association est sur toute l’étendue du territoire national. Les arbitres sont disposés partout au Togo et le congrès électif qui nous a apporté à la tête a été fait à Atakpamé. Avant ce congrès, il y avait un congrès extraordinaire organisé par le bureau sortant à Sokodé. Pourquoi ne pas remonter pour aller à Kara? Sinon il n’y a pas d’idée ou des sous-entendus c’est pour être plus proche des acteurs.
Quelles sont les activités qui vont meubler le congrès ordinaire de Kara?
L’ordre du jour est pré défini par les statuts, on va lire et adopter le procès-verbal de la dernière assemblée ordinaire et élective. On va revisiter le rapport financier, on va visiter le rapport d’activités et revoir les statuts et règlements parce que ça fait 10 ans qu’on a créé cette association. Avec l’évolution du temps, les statuts et règlement intérieur, on doit l’adapter donc ça s’impose et voir quels amendements apportés et puis donner les perspectives.
Quel regard portez-vous sur le quatuor arbitral éthiopien qui va officier le match Bénin-Togo le 24 mars prochain?
J’ai confiance en tous les internationaux, quand ils sont nommés internationaux c’est qu’on les ait jugé capable et ils seront là pour jouer leur rôle qui est de constater et d’appliquer les lois de jeu. Je ne suis pas certain qu’ils vont venir pour avantager qui que ce soit. Il y a des caméras partout aujourd’hui et quand tu fais une erreur, les images sont là et on te sanctionne. Ils ont l’ambition d’aller plus haut alors je suis certain qu’ils feront leur travail comme cela se doit. La déontologie de l’arbitrage demande que l’arbitre soit impartial et je suis sûr qu’ils le seront et que le meilleur va gagner et que ce meilleur soit le Togo, c’est le souhait de toute la population (rires…).
On est à quelques jours de ce match fatidique, quel message avez-vous à l’endroit du sélectionneur Claude Le Roy, des joueurs et du public sportif ?
A l’endroit du sélectionneur, je lui souhaite une bonne chance, qu’il ait l’esprit de clairvoyance pour pouvoir faire cette sélection qui peut nous permettre de nous qualifier. Aux joueurs, ils ont tout le peuple derrière eux, ils vont porter les couleurs nationales, si on les sélectionne c’est qu’on les a jugé capable en ce moment pour pouvoir apporter la victoire au peuple togolais donc je les invite à mouiller correctement le maillot. Et au public sportif, c’est d’être mobiliser derrière cette équipe qui nous donne la joie, d’être soudé et être en union de prière. Tous ceux qui peuvent faire le déplacement de Cotonou, qu’ils le fassent pour soutenir valablement l’équipe nationale.
Votre mot conclusif 
Je remercie tous les acteurs de nous avoir compris compte tenu des situations de violences qu’on veut éradiquer sur tous les terrains. Je les invite tous à faire un effort pour comprendre un peu les lois de jeu pour pouvoir comprendre les arbitres sur les terrains. Aux arbitres, je leur demande d’être ferme, concentré et appliqué correctement les lois de jeu sur le terrain, qu’il ne soit pas source de violences. Pour le congrès prochain, je les invite tous à se retrouver à Kara pour qu’ensemble on puisse revisiter nos statuts et autres pour donner un nouvel élan à notre Association.
Interview réalisée par John ATTISSO

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