En dépit du triomphalisme outrancier des nouveaux maitres de Bamako, qui fait nager des naïfs et autres néo panafricanistes dans une douce euphorie, le pays de Soundjata Keïta vit depuis quelques trois ans que dure déjà cette aventure, les pires formes d’exactions qu’il n’ait jamais connues et ceci, dans un contexte de conjoncture économique inégalée à en croire plusieurs rapports d’organisation de droits de l’homme dans le monde. Le risque de ce pays de s’enfoncer davantage dans des difficultés économiques et financières augmente au fil des jours.
En effet, les exactions des éléments de Wagner sur les pauvres populations sont fréquentes rapportent Amnesty international. Le 25 janvier 2024, une patrouille de mercenaires de Wagner et des FAMA a exécuté 25 membres d’une famille peulh dans le village de Mourdian (région de Nara). Les victimes ont d’abord été tuées par balles. Puis, les mercenaires ont rassemblé les corps et les ont recouverts de pailles pour les brûler plus facilement. Les corps calcinés ont été retrouvés par d’autres villageois. Selon certains représentants communautaires, élus locaux, simples habitants ou observateurs faisant de la veille sécuritaire, plus de quarante à une soixantaine de personnes étaient tuées, entre mercredi 22 et vendredi 24 novembre 2023. Des bergers venant paître leurs bêtes, des paysans revenant des champs, ainsi que des femmes, des enfants et des vieillards. Les témoignages font état d’exécutions sommaires sans interrogatoires, de cadavres criblés de balles ou brûlés. Comme si cela ne suffisait pas, la junte au pouvoir, verse également dans le musellement des acteurs qui rechignent à regarder dans la même direction qu’elle.
Musellement des opposants au Mali
Le cas d’un enseignant-chercheur de surcroit, syndicaliste demeure, entre autres, encore frais dans les mémoires. Pour avoir demandé la démission du gouverneur Lamine Kapory Sanogo, gouverneur de Kourikoro pour complicité de malversations financières, le professeur Abdou Malle, secrétaire général du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur (SNESUP), a été, sans ménagement, arrêté début février pendant une semaine par l’Agence nationale de la sécurité d’Etat (ANSE) malienne.
Difficultés de payement de l’Energie du Mali (EDM)
La compagnie publique d’électricité dénommée ‘’Energie du Mali’’ (EDM) est en proie à des difficultés de payement. Le carburant destiné à cette compagnie, était bien arrivé à Lomé, mais traîné avant de bouger. Les problèmes de défaut de paiement d’EDM sont connus et n’arrangent rien. Traînant près d’un demi-milliard d’euros de dette – davantage que le budget de la Défense nationale –, l’EDM ne cesse de creuser son déficit. Une spirale infernale d’où elle ne sortira pas aisément, selon des sources bien informées.
« EDM est à la croisée des chemins et est confrontée à des défis multiformes tant sur le plan technique que financier », a reconnu lors de sa prise de fonction son nouveau DG, Oumar Diarra, nommé en novembre, vétéran comptant plus de vingt ans de maison.
Pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme, les juntes indiquent que la CEDEAO ne menait aucune action sérieuse visant à combattre le phénomène, alors que l’organisation sous régionale a été à l’origine de la 1ère force multinationale pour aider le Mali en janvier 2013, la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africain (MISMA), base sur laquelle la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a été créée et à laquelle 12 des pays de la CEDEAO, ont contribué dont le Niger et le Burkina Faso.
Pour des raisons qui leur sont propres, le Mali et le Burkina préfèrent aujourd’hui, plutôt faire appel à Wagner qui massacre leur propre population, viole leurs femmes, pille leurs ressources et commerces et brûle leurs villages.
Il est donné de constater que ces juntes qui criaient à l’ingérence étrangère, préfèrent aujourd’hui, directement intégrer des soldats de Wagner et des conseillers politiques russes dans leurs rangs pour leur dicter les actions à mener dans leur propre pays, tout en exploitant leurs ressources minières. Cette confiscation systématique des prérogatives des Maliens par les éléments du groupe Wagner ne semble pas préoccuper la junte au pouvoir.
Dans ces conditions, le Mali va finir par s’enfoncer dans des difficultés économiques et financières alors qu’elle est déjà dans l’incapacité de payer ses factures d’électricité. La population malienne va de nouveau subir des problèmes d’électricité faute d’impayés. Le manque de courant électrique dans les ménages est déjà très récurrent.
Sur le plan du respect des droits de l’homme, le tableau n’est non plus, reluisant. Le pays continue à emprisonner et museler les opposants à la junte, ou toute personne qui ose actuellement parler et remettre en cause la politique en vigueur dans le pays. Après avoir tenté d’empoisonner l’imam Mahmoud Dicko fin 2023, c’est au tour du secrétaire général du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur, d’être arrêté par l’ANSE pendant une semaine, pour avoir dénoncé des malversations financières.
Salif Mansa
