Pascal Edoh Agbove |
Le processus de décentralisation a abouti le 30 juin 2019, aux élections des conseillers municipaux. Pres-qu’un an après, les défis demeurent en ce qui concerne le développement des communautés et l’éradication de la pauvreté. Une situation qui préoccupe, et qui emmène Pascal Edoh Agbove, Expert en décentralisation et politique de développement, à proposer après constat, dix (10) recommandations qui devront permettre d’en finir avec les difficultés qui annihilent les efforts.
L’on croyait qu’avec la décentralisation qui a abouti le 30 juin 2019, aux élections des conseillers municipaux, régler définitivement le problème de développement des communautés et assurer un mieux-être aux populations.
Mais bientôt un an, le constat laisse à désirer.
Selon Pascal Edoh Agbové, Expert en décentralisation et politique de développement, la situation qui prévaut est structurable en cinq points.
Primo, elle révèle que nombre de conseillers municipaux élus sont peu motivés, maitrisent peu leurs rôles, s’impliquent peu dans la gestion des affaires communales et sont déçus des avantages attendus de leurs fonctions.
Secundo, la plupart des membres de l’exécutif (Maires et leurs adjoints) ont plus tendance à se référer à leur hiérarchie politique au lieu de créer une véritable alliance des forces vives locales pour des prises de décisions.
Tertio, les administrations en charge du développement des communautés se contentent plus des tâches administratives (légalisation, célébration de mariage et autres), et se soucient peux des projets de développement conformément aux différents domaines de leur compétence.
Quarto, le constat révèle que jusqu’à présent, les transferts des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales n’est pas encore effective comme prévu.
Puis en dernière position, les populations qui devraient jouer un rôle régalien dans la gestion de leurs communautés, n’exercent aucun contrôle citoyen sur les élus.
Une situation de laisser-aller, qui ne promeut aucun développement participatif, inclusif et démocratique.
De la nécessité de rectifier le tir
Dans cette logique et pour relever le défi qui s’impose, Pascal Edoh Agbové, propose la nécessité de mettre en place des juridictions administratives dans chaque préfecture, à défaut dans chaque Chef-lieu, pour la gestion des conflits éventuels entre les élus et les populations locales.
D’autre part, il invite à assurer aux collectivités le transfert des ressources qui devront permettre leur autonomisation réelle et de prendre des décrets et arrêtés relatives aux décentralisations.
Mieux, il convie dans la mesure du possible, le Comité national de suivi de la décentralisation, à faciliter l’évaluation du processus par des mesures correctives, et par la même occasion, mettre en place, des programmes de renforcement des capacités des élus locaux.
Des programmes qui devront leur permettre d’être à la hauteur des tâches qui leurs sont assignées en matière de développement des communautés.
En ce qui concerne le grand Lomé, il invite à mettre en place, des organes de gestion de district autonome pour une meilleure coordination des actions de développement entre communes et districts.
Mieux encore invite-t-il à redéfinir le rôle des ministères en ce qui concerne la décentralisation.
Dans cette logique et pour une meilleure appropriation du processus, il propose la formation des cadres de l’administration centrale sur les textes relatifs à la décentralisation, et invite les autorités à voter une loi spéciale relative au contrôle de l’action publique par la société civile.
En somme, il s’agit là, des propositions qui devront permettre de réussir la décentralisation et de relever les défis de développement qui s’imposent.
Caleb AKPONOU