Au Togo, vivre avec le VIH ne signifie plus automatiquement vivre dans l’ombre ou dans la peur du rejet. Lentement mais sûrement, le pays avance vers une société plus inclusive, plus tolérante, où les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) peuvent désormais espérer une vie normale, avec des droits respectés.
Cette transformation progressive résulte d’efforts portés par l’État, ses partenaires techniques et financiers, notamment l’ONUSIDA et des structures spécialisées comme l’Observatoire des droits humains et VIH (ODH & VIH), qui vient de publier son rapport annuel 2024.
Baisse significative de la stigmatisation
Entre 2021 et 2024, le nombre de cas de stigmatisation et de discrimination signalés au Togo est passé de 419 à 229. Une baisse de 45 % qui, à elle seule, résume le fruit d’un travail patient, méthodique et structuré mené sur l’ensemble du territoire.
Dans ce bilan annuel dévoilé en mars 2025, l’ODH & VIH dresse un tableau encourageant : moins de rejets, moins de moqueries, moins de violations du secret médical. En un mot, un pays qui progresse dans sa manière de considérer les PVVIH.
Le Grand-Lomé reste en tête des régions les plus concernées, concentrant 41 % des cas rapportés. Suivent les régions des Plateaux (17 %) et de la maritime (13 %).
Les femmes, premières victimes
Les données de l’année 2023 éclairent davantage sur le profil des personnes affectées par la stigmatisation. Sur les 276 cas enregistrés cette année-là, 77 % concernaient des femmes. Chez les populations clés, les professionnelles du sexe sont les plus touchées (15 %), devant les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), qui représentent 12 %.
Ces chiffres soulignent l’importance d’adopter une approche inclusive, respectueuse des spécificités de chaque groupe cible.
Pour inverser la tendance, l’ODH & VIH ne ménage aucun effort. En 2024, l’organisation a sensibilisé plus de 60 629 personnes sur l’ensemble du territoire. Ce travail de proximité, effectué au cœur des communautés, vise à déconstruire les préjugés et à rappeler que vivre avec le VIH ne devrait jamais signifier vivre sans droits.
L’année a également été marquée par la formation de 150 personnes ressources sur les questions de stigmatisation, de discrimination et de violences basées sur le genre. 103 prestataires de santé, issus de 5 structures sanitaires, ont été formés sur la confidentialité, la gestion des cas de stigmatisation et l’importance du respect du secret médical. En 2023, sur les 276 personnes victimes, 226 cas ont été référés et pris en charge, et 165 cas ont été suivis.
L’implication croissante des acteurs locaux
En 2023 déjà, le travail de sensibilisation mené par RAS+ avait permis d’atteindre 82 550 personnes, notamment des élus locaux, des prestataires et gestionnaires de services de santé. 93 élus locaux avaient été formés aux actions de plaidoyer, tandis que 365 agents de santé renforçaient leurs capacités sur l’approche droits humains dans le cadre de la lutte contre le VIH. Par ailleurs, en mai 2025, près d’une trentaine de formateurs nationaux sur les droits humains en lien avec le VIH et la tuberculose ont été déployés sur le territoire afin de dispenser des formations sur les droits humains, le genre et leur impact sur la riposte.
Si ces résultats sont aujourd’hui visibles, c’est grâce à une implication étroite du gouvernement, qui sait faire du respect des droits humains un axe fort de sa politique de santé publique. Avec un taux de prévalence du VIH tournant autour de 1,6 % entre 2023 et 2024, le Togo compte environ 105 000 personnes vivant avec le VIH.
Parmi elles, 90 000 sont sous traitement antirétroviral (ARV), soit un taux de couverture de 86 %. Des résultats positifs qui ne sauraient se maintenir durablement sans une prise en compte sérieuse du facteur humain.